Amour, Prozac et autres curiosités


De l’introduction atypique au zénith de la conclusion, trois sœurs, Cristina, Rosa et Ana, baladent leur mal de vivre dans les rues madrilènes de la post movida. En apparence, tout les sépare et elles ont bien du mal à se comprendre.

Reléguée comme serveuse d’un club techno, au grand dam du reste de la famille, Cristina la benjamine gobe ecstasy sur ecstasy.

Où l’emmèneront ses virées nocturnes, flanquée de sa tribu underground de bombes sexuelles anorexiques et de junkies égarés ? Elle finit ses nuits seule dans son minuscule studio à bercer le souvenir de son dernier amour perdu.




Cuirassée de diplômes, Rosa la cadette passe ses soirées au bureau, puis se replie épuisée dans son appartement monochrome où elle suspend son tailleur impeccable avant d’affronter son manque de passion et sa lucidité à coup de Prozac. Intellect et obsession du contrôle cèderont-ils devant la montée du désir ou fonce-t-elle toujours vers le mur de la frustration ?

A force de briquer son salon Roche Bobois, de décorer amoureusement des cache-pots et de se conformer au rôle de parfaite ménagère, Ana la grande sœur, sombre dans la faille de son âme désormais béante où défile mollement une vie gâchée. Quand ce dernier repère stable de la famille perd les pédales, chacun se remet en question.

Sombre tableau, pourrait-on croire, mais c’est compter sans l’humour sarcastique de cette plume plongée dans le cocktail fin de siècle hispanique! Les trois sœurs se racontent et tordent le cou à leurs démons personnels. Secrets de famille, peines de cœur, obsessions de sexe et de sang, chaque cadavre surgira hors du placard sur un tempo déjanté.

«Amour, Prozac et autres curiosités» rejoint les «Human Traffic» et «Trainspotting» dans le cercle en expansion des clameurs au vitriol de la jeunesse désenchantée.

Stig Legrand 2002

Lucia Etxebarria, «Amour, Prozac et autres curiosités»,
Editions 10/18 (domaine étranger), 2000, 281 p.

 Voir l'article sur L'Humeur du Marcassin